Kitchen Witch: l'origine du nom.

Au commencement…
Lorsque les premiers hommes domestiquèrent le feu, il y a des milliers d’années, celui-ci provoqua un tournant dans le mode de vie de nos ancêtres. En éloignant nombre de prédateurs, effrayés par les flammes, il protégeait le groupe qui s’installait autour. Il prodiguait la lumière dans la nuit, la chaleur en hiver. Grâce à la cuisson des aliments, il rendait comestible certains aliments qui ne le sont pas à l’état cru, comme les céréales ou certains tubercules, et il augmente ainsi les ressources alimentaires disponibles. Autour du feu, des découvertes technologiques ont pu être faites, par hasard ou par expérimentation : la cuisson des poteries, la fonte des métaux, la découverte du verre, le durcissement ou l’assouplissement du bois. La cohésion de la tribu avait physiquement lieu autour du feu ; Celui qui en avait la charge avait une grande responsabilité. Il était raisonnable de penser qu’un châtiment exemplaire attendait celui qui l’avait laissé s’éteindre, tout comme une aura de prestige entourait celui qui savait en allumer un.

Le feu sacré.
L’aspect sacré du feu en lui-même traverse l’espace et le temps et se rencontre dans nombre de traditions tout autour de la Terre, à toutes les époques. Il était vu par les Grecs comme un cadeau que le titan Prométhée avait fait aux hommes en le volant aux Dieux. Un temple lui était dédié à l’époque romaine, où des vestales devaient l’entretenir, sous peine d’être enterrées vivantes en cas de négligence. Jamais éteint dans les maisons, il renaissait de ses braises chaque matin, hormis lors de la fête sacrée d’Alban Arthan, au solstice d’hiver, où il devait être soigneusement éteint pour être ravivé par le brandon que le Druide partage avec sa communauté. Sous forme de braséro pour les encens, ou sous forme de bougies alignées au pied de statues, il est présent dans de nombreux temples tout autour du monde, quel que soit le Dieu ou la Déesse à qui ce temple est dédié.

Foyer, doux foyer.
Lorsque la structure de la tribu évolua pour se morceler en familles, que l’habitat évolua pour passer du simple abri rocheux à la tente nomade, puis à la hutte de torchis et de bois, le feu resta le cœur de la maison. Le foyer, dont le premier sens est « là où brûle le feu », et par conséquent l’âtre, la cheminée, est devenu par extension « le lieu où on se sent chez soi », mais aussi le groupe de personnes qui se réunissent autour de ce feu : voir par exemple la notion relativement moderne de « foyer fiscal ». Dans les premières maisons, le feu était le centre de la pièce unique. Il servait à tout, à chauffer, à cuisiner, à s’éclairer. Puis lorsque les maisons évoluèrent, se découpèrent en pièces, montèrent en étages, le feu suivit le mouvement et une cheminée apparut dans presque toutes les pièces : dans le salon et les chambres pour les chauffer, la buanderie pour faire bouillir l’eau de la lessive, la cuisine pour préparer les repas. Nombre de ces cheminées sont désormais condamnées, inexistantes même dans les maisons « modernes » bâties après les années 50, et remplacées par un chauffage central, des convecteurs électriques, voire des panneaux solaires. En cuisine, le poêle a également été remplacé par des plaques de vitrocéramique et un four micro-onde. Mais les habitudes transmises de générations en générations autour de ce feu ont été conservées, et adaptées.

Kitchen Witch.
La magie née autour de ce feu sacré, dés l’époque paléolithique, n’a pas totalement disparu lorsque les différentes religions amenées par les envahisseurs se sont succédées en Europe de l’ouest, car celles-ci comportaient elles aussi une part de magie autour du feu ; soit parce qu’elles avaient une origine commune, soit parce que le syncrétisme né des superpositions de croyances permettaient la conservation de rites et croyances ancestraux. Ainsi, jusqu’au cœur du moyen-âge, alors que les églises se construisaient dans le moindre village, des personnes, qualifiées de sorciers dans le vocabulaire actuel, conservaient des rites de protections, de fertilité, de guérison, qui leur avaient été transmis oralement par leurs ancêtres. Pas de temple pour cette magie, pas de culte massif, pas de rite en public ; les sorciers pratiquaient chez eux, à l’abri de leur maison, quelquefois reléguée à l’extérieur du village, par la crainte que leur pouvoir inspirait. C’est devant leur foyer que les prières étaient prononcées, les potions concoctées, les amulettes confectionnées. Et lorsque les huttes évoluèrent en maisons, c’est dans la cuisine que ce concentra l’activité magique, dans le lieu où le feu reste présent, où les ingrédients sont à portée de main.
C’est ainsi que le terme de HedgeWitch, « sorcier de la haie », est apparut pour nommer ces personnes à l’écart du village. Parce qu’ils pratiquaient depuis chez eux, devant le foyer de la cuisine, que sont apparus les termes de Cottage Witch et Kitchen Witch. Quelquefois, le terme de Garden Witch est également utilisé, car leur sphère d’influence ne se limitait pas à la maison, mais s’étendait également au jardin, où poussaient légumes pour l’hiver et plantes médicinales, les simples, pour les soins et la pratique magique.

Mondes parallèles.
Parce que la maison était devenue un lieu de culte, toute action faite dans cette maison revêtait un caractère sacré. Non pas qu’il fallait abandonner les aspects domestiques de la vie dans la maison : ménage, préparation des repas, soin aux enfants et aux malades… Mais ces actions, faites sous les yeux et sous la protection des esprits vénérés dans cette maison (ancêtres, lares, dieu ou déesse domestique…) devenaient un rite et devaient obéir à un rituel particulier. La maison existait dans deux mondes superposés, un profane et un sacré, c’est-à dire un en contact avec les habitants, la Terre, le climat, et un autre en contact avec les esprits, les Dieux, hors du temps. Les actions faites dans la maison avaient alors une répercussion dans les deux mondes en même temps. Nettoyer la maison signifiait en même temps la débarrasser des poussières et autres tâches de gras, que bannir les influences négatives. Un repas était préparé à la fois pour les humains que pour les esprits : selon les plats et les occasions, il convenait de laisser une place à table pour un invité de l’au-delà, ou bien laisser une partie du repas en offrande devant la représentation d’un Dieu, ou bien verser à la Terre sous forme de libation quelques gouttes du vin qui a été partagé entre les personnes siégeant à table. Fermer une porte à clé empêchait autant les rôdeurs de s’introduire, que les esprits malfaisants. A ce titre, la clé devenait une amulette de protection de la maison. De nos jours encore, il est courant de trouver le motif de la clé sous forme de bijou, pendentif, breloque, même si la signification de l’objet s’est perdue ; il est donc possible de s’en procurer afin de réaliser des amulettes de protection pour cacher un secret, ou accéder à des lieux où des connaissances qui nous sont fermés.

Bonus !
Un métier inspirant crainte et respect, et généralement relégué loin des habitations pour risque d’incendie, était celui du forgeron. Celui-ci maitrisait le feu mieux que personne, et nombre de légendes courent à propos de forgerons plus malins que le diable et ayant parvenu à lui échapper.
Quelle que soit la région, un diable se promenant finit toujours par entrer dans l’échoppe d’un de ces maîtres du feu, auquel il lui demande de ferrer ses sabots. Le forgeron s’en tire soit en bénissant le clou, soit le fer, d’un signe de croix ou d’une aspersion d’eau bénite. Le Diable, sentant l’objet lui brûler le pied, part en courant et en jurant ne jamais vouloir revenir embêter ce forgeron, et développe par la suite une phobie du fer à cheval comme du clou qui l’accompagne. C’est ainsi que le fer à cheval devint le protecteur de la maison, et que le clou, ouvragé et monté en pendentif, devint une amulette contre les mauvaises rencontres.